vendredi 29 janvier 2016

Frises et papiers peints...



André Hellé, chambre Cendrillon (mobilier, accessoires, jouet, frise murale)



     Déjà reconnu dans les milieux artistiques pour son imagerie du "Pays d'enfance", André Hellé est approché dès 1906 par les grands noms de la décoration murale. Chaque année et jusqu'à la guerre, il ornementera de son esthétique lisible et stylisée plusieurs modèles de frises, toiles d'ameublement et papiers peints, particulièrement adaptés aux chambres d'enfants.

     Le secteur est encore balbutiant en France où les coûts de production restent élevés et les espaces domestiques réservés aux enfants, fort rares. Ce sont les Anglo-saxons, pionniers en la matière, qui produisent des motifs enfantins sur tissu et papier peint depuis la seconde moitié du XIXe siècle, en faisant appel à des illustrateurs réputés tels que Walter Crane, Randolf Caldecott, John Hassall ou Kate Greenaway pour ne citer que les têtes de file.

    La première commande d'André Hellé provient de la Manufacture française P.A. Dumas à Montreuil-sous-Bois, spécialisée dans l'impression sur cylindres en relief : le motif circulaire de "La ronde" fera l'objet d'un tissu imprimé en 1907, tissu incidemment retrouvé dans un catalogue d'échantillons du Musée de l'impression sur étoffe à Mulhouse (voir notre billet du 24 juin 2013).


La ronde, papier à tenture A. Hellé 1907


     Suivront bientôt en 1908, les lais ocellés de "Bergère et moutons" chez Tekko et Salubra, compagnie allemande fort réputée pour ses "belles tentures murales lavables et inaltérables". Hellé reprend l'idée d'un motif ludique et répétitif, au graphisme aéré, aisément assimilable par les tout-petits. Ici un troupeau de moutons encercle à intervalles réguliers, une bergère hiératique vissée sur son socle. Tous ces jouets de bois tourné sont familiers aux petits Français de l'époque et relèvent de l'artisanat populaire allemand, de même que les maisonnettes naïves et arbres en copeaux qui rythment la frise en partie supérieure.


Bergères et moutons, toile de tenture, A. Hellé, 1908


     Au fil du temps, l'illustrateur produira d'autres frises murales, invariablement peuplées de jouets aux couleurs vives (soldats de bois, arche de Noé, jeux d'enfants) selon la délicate spécificité de l'artiste. On sait également qu'il ornera de fresques (directement peintes sur les murs) de nombreuses écoles et colonies de vacances (voir notre billet Les jolies colonies de vacances).
 
    Les deux exemples ci-dessous confirment, une nouvelle fois, qu'aucune frontière ne séparait le dessin du jouet dans l'esprit du décorateur. Il n'est que de montrer le même carrosse réalisé en volume en 1913 au sein d'une chambre de petite fille, pour s'en convaincre ! 

B.M.


Frise murale Les grands carrosses, 1910 - Frise murale Grenadiers à cheval, 1909

Le grand carrosse de Cendrillon, jouet de bois et tissu bourré, Angèle et André Hellé, 1913
 
 
(Photos : copyright DR/Les Amis d'Hellé)
 

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